Deux jeunes familles ont rapidement tissé des liens d’amitié depuis qu’ils habitent l’une en face de l’autre, dans une banlieue tranquille. La famille Desgroseillers a deux enfants âgés de 4 et 6 ans, tandis que la famille Potvin a trois enfants de 3, 5 et 9 ans. Il va sans dire que les jeunes des deux familles jouent souvent ensemble et organisent des mégas parties de cache-cache lors des longues soirées d’été. Plus on est de fous, plus on rit ! Malgré la bonne entente qui règne entre les deux familles, cela ne les empêche pas d’être très différentes l’une de l’autre. Chez les Desgroseillers règne une structure et une organisation quasi parfaite. Les Potvin sont plus… disons spontanés et bordéliques ! Ils peuvent presque prédire à la minute près le moment où ils verront la maman Desgroseillers revenir de l’épicerie avec ses sacs recyclables, ou encore le moment où le papa Desgroseillers sortira sa tondeuse. Ils envient un peu cette structure et cette capacité à s’organiser, mais les Desgroseillers, de leur côté, admirent les Potvin pour leur flexibilité, leur spontanéité et leur calme face aux imprévus. Pour le bon fonctionnement d’une famille, vaut-il mieux être ultra structuré ou ultra flexible ?
Les familles où règne une organisation quasi sans faille bénéficient de plusieurs avantages. Entre autres, une structure et une routine stables rendent l’environnement familial prévisible aux yeux des jeunes enfants, ce qui a pour effet de les sécuriser. Le respect des règles et des consignes est également plus facile à apprendre pour les jeunes lorsqu’elles s’inscrivent à l’intérieur d’un horaire régulier. Les parents peuvent ainsi faciliter leur tâche d’instaurer une constance dans leur discipline. Et c’est sans compter l’économie de temps apporté par le fait que tout est à sa place dans l’espace (ex. : on ne cherche pas ses clés lorsqu’elles sont toujours à la même place) et dans le temps (ex. : les enfants s’opposent moins sur la période des devoirs lorsque cette dernière a toujours lieu à la même heure). Toutefois, quand la vie est à ce point réglée au quart de tour, il peut en résulter une certaine rigidité nuisant à l’harmonie familiale. En effet, les jeunes issus de familles hyperstructurées trouvent souvent leurs parents un peu trop sévères sur le respect de certaines routines. Parfois, une organisation stricte peut créer un sentiment de sécurité « artificiel » qui laisse place à la panique totale lorsqu’un imprévu survient. Or, dans la vie, on ne peut pas toujours tout contrôler et les imprévus font souvent partie du quotidien des familles avec des enfants ou des adolescents.
Donc, les familles organisées de façon moins rigide peuvent profiter de l’avantage d’être plus spontanées et de mieux réagir aux imprévus. Ces familles font parfois preuve de plus de flexibilité et peuvent peut-être mieux profiter de petits moments de bonheur spontanés qui surviennent régulièrement avec des enfants. Par contre, un manque d’organisation vient avec de nombreux inconvénients : retards à des rendez-vous, perte de temps à chercher des objets qui ne sont pas à leur place, oubli de certaines tâches parce qu’elles ne sont pas faites selon un horaire régulier ou routinier… et c’est sans compter les problèmes affectifs que peuvent vivent certains jeunes enfants vivant dans un environnement familial où il y a un manque de stabilité. En effet, lorsque les limites et les routines imposées aux jeunes suivent les émotions des parents plutôt qu’une logique rationnelle, elles sont plus sujettes aux changements, ce qui peut insécuriser les enfants, ou encore les amener à ne pas respecter les limites, puisqu’elles ne sont pas constantes.
Alors, êtes-vous des parents organisés, ou des parents un peu bohèmes ? Si vous aviez le choix, comment préféreriez-vous être?
Selon moi, l’idéal est de trouver l’équilibre entre les deux extrêmes, histoire de profiter du meilleur des deux mondes. Cela signifie d’être organisé et d’offrir une stabilité sécurisante à ses enfants, tout en acceptant que certaines choses peuvent parfois échapper à son contrôle et que toute la vie familiale ne peut être réglée au quart de tour. Cela signifie également d’être ouvert aux petits moments de bonheur que nous offre la spontanéité des enfants… par exemple, si une petite neige collante est tombée lorsque vous revenez à la maison après le travail et l’école, profitez de l’occasion pour faire une petite bataille de boule de neige… même si ça retarde le moment du souper de 10 minutes!
Cet article a été initialement publié sur le blogue de Nadia Gagnier, qui nous a gracieusement permis sa rediffusion sur notre plateforme.
Dre Nadia Gagnier
Psychologue