Les troubles d’anxiété généralisée… connaissez-vous? 

Lundi 11 avril, 2016

Le trouble d’anxiété généralisée semble en nette progression depuis quelques années. Est-ce le reflet de l’accélération du rythme de vie, les demandes multiples du quotidien, la conciliation vie personnelle et professionnelle qui sont en cause et affectent les personnes vulnérables à l’inquiétude? Selon certaines données épidémiologiques, le TAG touche 4 à 5% de la population générale, et plus de 25% des personnes qui consultent pour un traitement spécialisé de l’anxiété.

Ce trouble se caractérise par une anxiété et des inquiétudes excessives. La personne qui en souffre a de la difficulté à contrôler ses inquiétudes. Ce trouble est souvent accompagné de plusieurs des symptômes suivants : agitation, fébrilité, nervosité, fatigue, difficultés de concentration, irritabilité, tensions musculaires et trouble du sommeil (ex. : insomnie, éveils nocturnes…). Les personnes qui en souffrent sont souvent épuisées, et cela peut nuire à plusieurs ou même toutes les sphères de leur vie.

D’ailleurs, il semblerait que seulement 13% des patients souffrant du TAG nomment l’anxiété comme motif principal de consultation… les autres consultent plus souvent pour de la douleur, de la fatigue, une dépression ou des problèmes de sommeil, sans savoir que la cause centrale de leur problème est l’anxiété.
En fait, l’élément central du TAG est l’intolérance à l’Incertitude… Les gens qui en souffrent évitent donc l’incertitude en « comblant » le manque d’information par des scénarios. Le problème, c’est qu’il s’agit souvent de scénarios très négatifs, voire même catastrophiques! Comme si prévoir constamment le pire permettait de mieux l’accepter s’il survenait :

… Et si je me levais en retard?
… Et si je perdais mon emploi?
… Et si je faisais faillite?
… Et si mes enfants se faisaient kidnapper?

Ce n’est pas qu’ils surévaluent les probabilités que ces situations surviennent… c’est qu’ils sont incapables de vivre avec le 0,00000001% de chance qu’elles surviennent.

De plus, ils sont convaincus que ruminer des inquiétudes est utile, et que les gens qui adoptent cette attitude ont des vertus que les autres n’ont pas…

Ils sont soucieux, prévoyants, vigilants, prudents…

Lorsque ruminer des inquiétudes fait augmenter l’inconfort lié à l’anxiété, ils cherchent à éviter leurs pensées. C’est alors qu’ils tentent de se changer les idées. Ils regardent la télé, ils font des mots croisés, ou encore ils cherchent à être rassurés par quelqu’un d’autre. La réassurance ne fonctionnera qu’à court terme, car rapidement ils redeviendront inconfortables avec l’infiniment petite probabilité que la catastrophe imaginée ne survienne. Ainsi, ils ne se rendent jamais jusqu’au plan d’action pour prévenir le problème (ex. : exercice d’évacuation en cas d’incendie). Ils ruminent l’inquiétude jusqu’à ce l’anxiété atteigne un niveau trop élevé, puis ils cherchent à ne plus y penser. Mais cette neutralisation de pensée est rarement efficace. Ironiquement, lorsque l’on fait des efforts pour ne pas penser à quelque chose, nous sommes en train d’y penser… si je vous dis de ne pas penser à un éléphant bleu en tutu, à quoi pensez-vous maintenant?

Heureusement, des études démontrent que la thérapie d’approche cognitive-comportementale semble très efficace pour aider les gens aux prises avec ce trouble. Dans un premier temps, la personne sera informée des mécanismes de ce trouble d’anxiété. Ensuite, elle sera invitée à remettre en question l’utilité de s’inquiéter. On lui expliquera comment faire la différence entre un problème réel (ex. : l’hiver s’en vient et je n’ai pas encore fait installer mes pneus d’hiver) et un problème imaginé ou hypothétique (et si je perdais mon emploi?). Pour la première catégorie de problèmes (réels), la personne apprendra des techniques de résolution de problème. Pour les problèmes hypothétiques, la personne devra s’exposer aux scénarios catastrophiques, sans éviter, jusqu’à ce qu’ils ne causent plus d’anxiété.

Évidemment, les petits soucis et les petites inquiétudes font partie de la vie… ne vous ruez pas chez le psychothérapeute à la moindre petite inquiétude! Mais si vos inquiétudes prennent toute la place dans votre vie, vous empêchent de dormir et d’avoir un bon fonctionnement au quotidien, n’hésitez pas à consulter. Une psychothérapie pourrait être le début de la fin de vos grandes tensions!

Dre Nadia Gagnier
Psychologue